Bref... du coup... j'ai laissé pousser mes cheveux blancs...

Comme ça, sur un coup de tête... 

Nan, en fait, ça me trottait (dans la tête donc) depuis un moment mais pas le courage d'aller au bout, trop peur des commentaires, trop de tabous, trop décalé et puis... les réseaux sociaux aidant... j'ai nommé #goinggray #silverhair #youngandgray... j'ai craqué!

Ras le bol des colorations. 

Ras le bol de me retrouver tous les 10 jours (minimum) avec la ligne blanche sur mes tempes (principalement). 

Ras le bol de réfléchir à quand où et comment je vais caler le shampoing colorant crème sans ammoniaque (mais avec tout le reste) nouvelle génération (plus cher du coup) pose facile (tu parles) qui ne coule pas (dis le à mon tee-shirt blanc préféré, il a pas trouvé que ça coulait pas lui) à la maison (avec les serviettes qui vont encore morfler) et qui ne couvrira même pas bien mes cheveux blancs: "un café samedi? non laisse tomber, j'voudrais bien mais je dois faire ma couleur". Au secours quoi. 

Ras le bol d'aller chez le coiffeur poser un bras (voire un rein comme j'ai les cheveux longs et que j'en ai beaucoup, à moins de faire juste les racines mais après c'est dégradé de couleurs sur les cheveux si entre temps tu changes de coiffeur) et perdre 3 heures (j'ai une sainte horreur d'aller chez le coiffeur, fact about me, alors en plus si je dois passer à la caisse pour un moment de torture j'ai les boules): j'ai de meilleurs investissements à faire et d'autres chats à fouetter.

Ras le bol de me mettre des produits chimiques sur le crâne et ras le bol de chercher des alternatives naturelles sans succès garanti, qui prennent 3 fois plus de temps, et qui en plus, te font sentir la chèvre ensuite (bon ok, j'exagère, c'est pas la chèvre, mais n'empêche que tout le monde sait que t'as mis du henné mélangé avec la feuille de fougère aromatisée au café et la poudre de poils de yak pendant au moins une semaine malgré 12 shampoings et un litre d'huiles essentielles sur ta tête). Ca vaaaa, les adeptes du henné je plaisaaaante, c'était juste pour illustrer... on se comprend non?

Donc voilà. Plus de coloration. Plus de produits chimiques. Plus de casse-tête. Ca fait 18 mois pour moi maintenant. Et je me porte comme un charme. Merci.

Je laisse pousser mes cheveux avec leur couleur naturelle, ce qui veut dire châtain très foncé (c'est dingue j'avais même oublié c'était quoi ma vraie couleur de cheveux) et ma foi, à mon jeune âge donc, blanc (allez, au pifomètre, je vais dire 5% répartis bien sûr principalement dans les endroits qui se voient le plus, sinon c'est pas marrant). Et mes premiers tout premiers cheveux blancs, ils ont pointé leur nez dans ma vingtaine. Rajoutez une petite vingtaine d'années, et vous avez mon âge donc. Donc question galère de coloration, j'ai un chouia d'expérience merci.

Alors attention, ça remonte à la nuit des temps apparemment cette histoire, et les mecs (du temps des Pharaons et des Romains même parait-il) ils se mettaient des trucs sur la tête qui les faisaient se demander après pourquoi ils avaient plusieurs bras et des têtes supplémentaires qui poussaient! C'était principalement des matières premières naturelles, mais aussi parfois des trucs à base de métaux. 

Certes l'être humain est très fort pour s'inventer toujours de nouvelles façons de se compliquer la vie (et de faire chier le monde qui viendra après). Alors c'est là que le gars, en 1907, dans le fond de son appart parisien de chimiste, j'ai nommé Monsieur Eugène Schueller, nous a pondu la première coloration capillaire (qu'il nomme "L'Auréalle", vous connaissez la suite), et qui a ainsi démarré certes, au départ une libération pour madame, mais aussi le cercle vicieux dans lequel cette même madame se trouve désormais quand elle se tape la corvée du shampoing colorant le samedi aprèm au lieu d'aller faire du vélo avec ses gamins au parc avec ses cheveux blancs.

Donc voilà, on pourrait peut être arrêter de s'imposer ce genre de choses non? Genre tout simplement.

Alors, je vous vois venir gros comme un camion, vous allez me dire, dans l'ordre... (et on ne me les a pas toutes faites direct, mais certaines j'ai bien senti les sous-entendus, je lis très bien entre les lignes des paroles):

- Mais ça te vieillit pas non? Non, ce qui me vieillit, c'est toi qui pose la question, c'est toi qui pense que ça vieillit, et qui répète que ça vieillit. C'est un cercle vicieux: à force de le répéter, ça devient la norme (et je ne rejette pas la faute sur toi qui le répète puisque tu ne fais qu'appliquer ce que tu connais, ce n'est ni bien ni mal, c'est juste comme ça, mais on peut un jour se poser la question de savoir si ça a du sens non?). Et puis, je te demande moi si les fringues de mémère que tu mets ça te vieillit? 

Et ce qui me vieillit en fait, c'est l'image que ça me renvoie d'entendre ça et quand ensuite je me vois en photo par exemple. C'est marrant, dans le miroir, je trouve ça superbe, mais sur les photos, peut être comment la photo accroche la lumière, ou comment elle immortalise les choses, j'ai encore du mal. Et je l'avoue. C'est un cheminement et il faut s'accrocher, c'est pas simple tous les jours, je vais pas mentir.

- Mais tu n'aimes pas prendre soin de toi? Si. Mais on n'a pas tous forcément les mêmes attentes face à "prendre soin de soi". Par exemple aller chez le coiffeur pour me faire cramer les cheveux sous le sèche-cheveux pour un brushing, ça m'horripile perso. J'ai certes la chance d'avoir des cheveux qui ne nécessitent pas plus de maltraitance que ça pour rester raides, mais ce n'est qu'un exemple. Du coup, aller chez le coiffeur pour une coupe je tolère, parce que bon, Pocahontas c'est pas super pratique non plus. Et j'avoue, ça change, ça rafraichit, on peut très bien avoir envie de "changer de tête" et d'ailleurs, quand la coloration est faite pour changer de tête, parce qu'on en a envie, magnifique, mais quand ça devient la corvée pour camoufler tes cheveux blancs, je prends le joker moi et je joue ma carte "Sortie de prison". 

Je prends soin de moi en faisant gaffe à ce que je bouffe (la majeure partie du temps), en faisant attention à bien dormir (j'essaye en tous cas), en ayant arrêté de fumer y'a longtemps (et ça c'est le best truc que j'ai pu faire), en prenant du temps pour moi (pas forcément chez le coiffeur donc), bref, chacun sa manière de prendre soin de soi. 

- Mais ton mari il pense quoi? Ben mon mari, il en pense ce qu'il veut, merci de demander. Chacun est libre de ses pensées non?  ça c'est ma première réponse. Ma réponse de rebelle qui fait ce qu'elle veut parce que je le vaux bien (bien replacée celle-là hein?). Et justement, je vaux mieux que tout ça. Alors oui son avis compte, mais tant qu'il n'est pas question de vie ou de mort, je me permets encore d'avoir un avis différent.

Et puis mon mari, c'est pas lui qui se fait chier à aller chez le coiffeur toutes les 2 semaines gros minimum pour éviter l'effet repousse, qui se met de la merde sur les cheveux (et donc dans son corps) et qui se prend les commentaires quand un poil blanc a pointé le bout de son nez ("oulalaaa, il serait temps d'aller faire un petit tour chez le coiffeur non?" avec le regard bien dirigé sur la fameuse ligne de repousse). 

C'est marrant d'ailleurs, évidemment que je vais en parler: poivre et sel sur Clooney c'est trop sexy mais 3 cheveux blancs sur ma tête et le monde s'arrête de tourner. Lui son poivre et sel ça va, mais moi ça va pas. Ben non, je suis pas d'accord. Alors mesdames (et messieurs hein, vous avez le droit de nous aider sur le coup) qui prônez l'égalité des sexes, toussa toussa, ben on pourrait inclure ça dedans non? Genre à défaut de vous extasier sur notre poivre et sel, ben vous pourriez nous foutre la paix? 

En vrai, mon mari, il a râlé au début (il râle tout le temps en même temps, mais c'est pour ça que je l'aime aussi #minutedéclarationdamour). Et il râle sûrement intérieurement encore maintenant (je l'entends de mon oreille supersonique). Il râle même parfois de temps en temps encore pour me chercher sur le sujet. Sauf que voilà, c'est pas sa tête à lui, c'est la mienne. C'est mon corps à moi. Je le remercie publiquement ici (s'il me lit), de ne pas m'en tenir (trop) rigueur (#minutepassagedepommadepourfairepasserlapillule). 

Ma mère, elle, râle aussi. Enfin, elle râle plus, puisqu'elle a bien compris maintenant que ça serait comme ça et pas autrement. Sa fille: tête de mule un jour, tête de mule toujours. Mais elle insiste quand même encore parfois... (merci Facetime). Je lui en veux pas hein. Mais voilà, moi j'ai décidé que ça serait comme ça et pas autrement.

Mes enfants, ça leur est égal. Ils sont bien ces petits (plus si petits d'ailleurs), je les ai bien élevés ma foi (#minuteautocongratulation). J'espère que j'aurais montré à mes fils le bon chemin et qu'ils laisseront leurs moitiés faire ce qu'elles veulent de leurs cheveux blancs. J'espère que ma fille fera ce qu'elle voudra de ces cheveux blancs le moment venu. J'espère qu'elle n'aura pas ma génétique de merde qui fait que j'ai eu des cheveux blancs hyper tôt. Bref, j'espère que d'ici là, le monde aura réagit sur le sujet (bon, vous allez me dire, y'a des sujets plus important à régler en ce moment, mais justement, c'est le moment de laisser les gens tranquilles sur le reste et de focaliser son attention sur les choses importantes), et que les femmes pourront se sentir libre de faire ce qu'elles veulent de leurs cheveux.

Mes copines, ma foi, mes copines, j'ai toute la palette de niveau d'acceptation: entre celle qui trouve que ça me va super bien, celle qui trouve que vraiment je devrais me les recolorer, celle qui trouve que c'est très courageux mais qu'elle, elle n'ose pas, celle qui veut le faire mais n'a pas encore sauté le pas, celle qui dit rien mais tu sens bien qu'elle a envie de dire quelque chose, celle qui dit que sa tante de 65 ans a elle aussi arrêté de se teindre les cheveux, bref, tout le monde a son avis, et ça reste leur avis. 

Non mais.

Alors voilà, c'est comme ça maintenant, et peut-être que dans un 1 an, 10 ans, 20 ans, je changerai d'avis. Peut-être que quand je commencerai à avoir des petites rides qui pointent par ci par là (non non, je n'ai pas encore de rides, le premier qui dit le contraire je lui trace des rides sur le visage moi), j'aurai envie d'un coup de jeune. Peut-être que je trouverai que finalement, ça vaut le casse-tête et  peut-être que les descendants de ce bon vieux Monsieur Schueller auront trouvé des colorations naturelles non-toxiques et efficaces.

Mais au moins, je veux avoir le choix. Le choix de faire comme je veux. Pas forcément "ce" que je veux, mais "comme" je veux à cette période de ma vie.

Bref... du coup... y'en a des comme moi ici qui ont choisi de laisser pousser leurs cheveux blancs?